CONCEVOIR UN PROGRAMME POUR CHAQUE CHEVAL : UN DEVOIR MORAL !
A l’instar de l’être humain, le cheval a besoin de bénéficier d’un programme de vie soucieux de sa santé physique et mentale.
Nombreux sont les chevaux soumis à un état carcéral durant de trop nombreuses heures de la journée.
Sortir les chevaux de leur boîte en leur proposant des activités aussi diverses que possible : tel est l’objectif premier d’un programme raisonné, respectueux du noble animal.
- Le cheval aime les sorties en extérieur
- Le cheval aime les moments de liberté, les bains d’air et de sable ou mieux encore les bains de boue dans un quelconque défouloir.
- Le cheval est un herbivore, il a besoin d’ingérer les multiples graminées qu’offrent les prairies naturelles ou, à défaut, l’herbe sélectionnée pour eux.
- Un cheval appelé à réaliser des performances dans une discipline bien précise a besoin d’un programme adapté qui veille à entretenir et à perfectionner la musculation, le souffle, la souplesse et la disponibilité mentale.
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En conclusion, le cavalier a le devoir de composer un programme minimum, en fonction du travail exigé, pour chaque cheval.
"la construction" du cheval athlète impose des règles inhérentes à son évolution physique et mentale :
- le respect de la croissance osseuse
- le développement musculaire dans le sens de la symétrie
- l'épanouissement mental jusqu'à l'entendement
Ces trois principaux objectifs imposent le respect au temps et se chiffrent en années selon les qualités de base de chaque cheval et la compétence du cavalier ayant entrepris cette tâche.
AMITIÉ
Éduquer parfaitement un cheval et en faire un ami demande beaucoup de temps, de patience et bien entendu un peu de savoir-faire.
L’éducation raisonnée d’un cheval fait qu’en se hâtant lentement se créent des liens et une confiance réciproque, signe d’une belle et longue amitié.
La réussite dans cette entreprise dépend à 100% du programme intelligemment élaboré par le dresseur.
Fais ce que tu peux avec ce que tu as, là où tu es ! ( …)
Just do it, it’s a moral duty ….
André Poot.
A) TRAVAIL NON MONTE
Les trois premiers chapitres relatifs au travail non monté concernent un PROGRAMME PLANCHER. Il va sans dire qu'un dresseur habile arrivera tout naturellement à obtenir un cheval brillant qui se manie comme « par lui-même ». De là, il lui fera exécuter des airs réputés difficiles (voir chapitre 4).
Considérations sur le travail à pied...
"Le travail à pied, c'est bon pour ceux qui ne savent pas monter. C'est du cirque. Cela étrique les chevaux. Ce n'est pas de l'équitation, etc...". C'est bien souvent par ignorance que les cavaliers ne reconnaissent pas le bien-fondé du travail à pied. C'est peut être aussi par ce qu'ils ne se sentent ni le courage ni la patience de l'envisager. Il est vrai qu'il est plus facile de rester assis que de marcher, comme c'est plus facile de dire que cela ne vaut rien plutôt que d'essayer. Ce n'est en tout cas pas intelligent.
Pour ceux qui s'y intéressent... le travail à pied met en présence, imaginons le, deux sphères, soit deux corps à l'équilibre instable (trouvez 2 sphères, une petite et une grande...) (D et C).
La sphère D, représente peu de masse, elle est donc physiquement fragile mais c'est une sphère pensante.
La sphère C, le cheval, représente par rapport à la première une masse énorme physiquement puissante aux réflexes plus rapides mais, intellectuellement plus fragile.
Les données sont claires : la sphère D doit dominer par sa réflexion, c'est le cerveau du couple.La sphère C doit, au fil du temps, faire entièrement confiance et obéir sans retenue au cerveau .
Le travail à pied, quoi qu'en pensent certains, est un complément remarquable au travail monté. Il permet de développer le sens de la cadence, du rythme et l'impérieux besoin de la décontraction du cheval dans une posture n'étant pas contre nature. Il impose au dresseur minutie, attention et rigueur.
Avant toute chose, il faut savoir que le travail à pied sans discernement peut s'avérer dangereux. La prudence est la première qualité du dresseur. "Li pus binamé a touwé s'mèsse !",dit-on en wallon liégeois, ce qui signifie : le plus gentil a tué son maître !
Le dresseur qui restera concentré et surtout logique dans la progression de son travail évitera tout dénouement fâcheux.
Si la prudence est la première des qualités du dresseur, la PATIENCE en est incontestablement la deuxième. Que l'on ne perde jamais de vue que « le temps n'admet pas ce que l'on fait sans lui ».
Quelle utopie de croire que quelques séances de longues rênes peuvent transformer un cheval quelconque en cheval éduqué. Il est ridicule de penser que le piaffer et le passage s'obtiennent en quelques séances de longues rênes. Néanmoins il est vrai qu'un bon travail à pied peut changer un cheval du noir au blanc, mais avec le temps et la patience qui s'imposent.
1- SANS ENRENEMENT
Ce travail s'effectue dans un rond de longe (espace circulaire gardé dont les dimensions moyennes varient entre 15 et 20 mètres). L'idéal serait une clôture amovible en fonction des exercices demandés et du degré de dressage du cheval. Plus tard, le travail monté pourra avoir lieu dans un rond de longe aux dimensions maximum (20 m de diamètre).
Les exercices doivent se succéder dans un ordre progressif :
- 1. le sens de la marche
- 2. l'allure
- 3. l'immobilité
- 4. les étirements
- 5. le saut en liberté
- 6. la spécialisation
- 7.
L'objectif principal est d'établir une confiance réciproque entre le cavalier et le cheval durant toute l'évolution du travail.
=> Les moyens :
- 1. la voix
- 2. le toucher (caresser le cheval sur tout le corps et l'habituer au contact de la gaule)
- 3. l'expression corporelle et gestuelle
Exemple : le cavalier s'arrête et s'immobilise : le cheval s'arrête et attend. Un simple geste conventionnel le remet en mouvement.
Autre exemple : le cavalier fait face au cheval et, d'une simple pression sur le chanfrein avec le plat de la main, déclenche un reculer dans l'énergie et le calme.
Cette première étape est nécessaire à l'éducation du cheval sans brider la spontanéité, but qui sera recherché dans tout le dressage. Le cheval doit être heureux de travailler. Aussi ne faut-il jamais négliger la récompense (base de toute pédagogie). La domination s'obtient par la subtilité et la réflexion.
IL NE FAUDRA JAMAIS CONFONDRE FERMETE ET BRUTALITE.
L'ignorance engendre la brutalité (Monsieur Baucher).
Le rond de longe ne peut jamais être assimilé à une salle de torture. Il peut servir de plage de défoulement et de jeu au cheval qui, néanmoins, se remettra au service du dresseur à sa demande.
2- TRAVAIL A LA DOUBLE LONGE
Les exercices sont identiques au travail sans enrênements mais on cherche le perfectionnement de la cadence, de l'équilibre, de la flexibilité et de l'impulsion.
Le toucher de gaule, dont il est déjà question dans le premier paragraphe, sera plus précis (toucher de la nuque, du garrot, des hanches...).
L'embouchure recommandée est le filet grâce auquel on pratiquera la décontraction des mâchoires. Dans le travail à la double longe, le surfaix ne s'impose pas mais se révèle souvent utile.
3- LES LONGUES RENES
Partant des acquis du cheval, le but sera de perfectionner la cadence, l'équilibre, les transitions, les décontractions et les divers assouplissements. Petit à petit, de nouveaux exercices seront introduits comme l'épaule en dedans, l'appuyer...
Le travail aux longues rênes permettra l'étude du départ au galop et le début du cadencement de cette allure. Par prudence, la position du dresseur dans les départs au galop pourra être modifiée entre double longe et longues rênes afin d'esquiver les éventuelles ruades.
Nous venons de définir dans ces trois paragraphes les exercices à réaliser pour un travail « plancher ». Chaque rubrique peut faire l'objet d'un travail de perfectionnement que nous détaillerons plus tard dans cette méthode.
4- LE PERFECTIONNEMENT DANS LE TRAVAIL NON-MONTE
Il va s'en dire qu'un dresseur habile arrivera tout naturellement à perfectionner le travail dans la légèreté et obtenir du cheval qu'il se manie comme par lui-même. Il réussira ainsi à obtenir des airs ou des exercices difficiles comme le piaffer, le passage, le pas espagnol, les changements de pieds, levades...